Crise, débordements émotionnels : comment accompagner nos enfants ?

Crise, débordements émotionnels : comment accompagner nos enfants ?

 

Cet article m’a été inspiré ce week-end. Mon conjoint, ma fille et moi avons vu mes parents, pour un pique-nique. A la fin de l’après-midi, ma petite puce, (de 2 ans et demi), a voulu tenté d’essayer à nouveau sa petite draisienne toute neuve offerte ce jour-là. Jusqu’ici, tout allait bien, elle montait dessus, essayait d’avancer, et réessayait encore si la tentative n’était pas concluante. Mais, cette fois-ci s’en était trop pour elle ! Le petit vélo est à nouveau tombé….c’est parti en « crise » ! Ma mère voyant la scène, devant sa petite fille qui râlait, a fait un « chhhhuuuut » pour essayer de la calmer. Bon très franchement, qui aurait envie de se calmer en entendant « chhhhuuuut », mais bon….

Devant un débordement émotionnel, si l’on ne connaît pas certaines techniques et si l’on n’a pas connaissance de certains faits, eh ben oui, on est bien tenté de vouloir « taire » cette émotion, que ce soit par un « chut », ou par autres choses, comme peut-être des cris, une punition, ect…. Parce-qu’on va pas se mentir, ça nous est toute arrivée de voir notre enfant « partir en cacahouète » !

Alors devant une tempête émotionnelle, comment pouvons-nous réagir ?!!

Voici quelques éléments de réponses….

Changer notre vision pour changer les comportements

Pablo, 2 ans, se voit refuser un bonbon par sa maman. La réaction est immédiate : il crie, pleure, se jette par terre, roule sur lui-même. Alors qu’il était si paisible quelques instants auparavant, le voilà entrain de lustrer le sol de la cuisine ! Sa maman, fatiguée se demande quelle réaction adoptée, et se demande au fond d’elle-même, comme beaucoup d’entre nous, si son petit garçon ne va pas bientôt devenir une petite terreur étant donné qu’il supporte si mal l’opposition clip_image001

Devant un comportement qui nous semble excessif et exagéré nous nous sentons souvent démunie. Comme nous analysons avec notre propre grille de lecture, nous pensons souvent qu’il s’agit d’un caprice, de la provocation, ou encore de l’insolence ou de la mauvaise volonté.

Et si l’on essayait tout simplement de mieux comprendre nos enfants, et d’analyser avec une lecture différente de celle d’un adulte ? Un enfant reste un enfant après tout. Ce n’est pas un adulte en miniature.

Notre enfant vit une tempête émotionnelle ? Ce n’est autre que la manifestation d’un besoin non assouvi à un instant T chez lui.

Revenons à la crise de ma p’tite puce. Ma mère cherchait à faire “taire” sa petite fille qui s’énervait parce-qu’ « il ne faut pas crier ». Mais un paramètre n’avait pas été pris en compte : elle n’avait pas fait sa sieste, et était vraiment au “bout du rouleau” ! Fatiguée et usée par la 10ème tentative infructueuse de faire de la draisienne correctement, elle a fait une crise.

 

Dans la tête de nos enfants

En tant qu’adulte nous avons la capacité de réguler nos émotions grâce à notre cortex préfrontal, le cerveau qui permet notamment le raisonnement, la prise de décision et la conscience. Le cortex préfrontal nous permet de dire non à nos impulsions. Il nous permet de réfléchir et de prendre du recul.

Or, dans le cerveau d’un enfant, les circuits émotionnels sont en pleine construction.

Cette zone qui nous aide donc à réguler nos émotions, se développe tout au long de l’enfance et de l’adolescence. Le cerveau n’atteint d’ailleurs sa pleine maturité qu’au début de l’âge adulte.

L’enfant n’est donc pas en mesure de pouvoir gérer l’ensemble des situations et des émotions auxquelles il est confronté.

Lorsqu’il y a une émotion forte, l’enfant est tout simplement dans l’incapacité physiologique de la gérer (il faut bien dire que déjà nous en tant qu’adulte il ne nous est pas toujours évident de pouvoir gérer nos propres émotions, ….alors imaginez nos bambins J) !

Si l’on revient au petit Pablo, ce n’est pas tant le fait de ne pas avoir de bonbon qui déclenche sa crise, mais la forte frustration qui en découle. Cette forte émotion, comme son cerveau ne peut pas la gérer déclenche des hormones du stress et met le corps en surtension. La crise est alors la seule façon que son cerveau et son corps a pour évacuer ce trop-plein de stress émotionnel.

On comprend alors que crier ou punir n’a aucun bénéfice pour résoudre la situation étant donné que l’enfant subit ce qu’il vit.

Voici quelques éléments pour vous aider à accompagner ses crises.

Accompagner les crises : en pratique

Lorsqu’un enfant en bas âges fait une crise on est tenté de penser qu’il fait un caprice, du cinéma ou qu’il nous cherche. Maintenant, que vous avez mieux compris ce qui se passe dans son cerveau, vous comprenez qu’en tant que parents, le processus consiste surtout à l’accompagner.

Souvent, il arrive que l’enfant se calme après avoir reçu menaces, gifle ou fessée non pas qu’il comprend qu’il faut se calmer mais parce-qu’ il est figé dans l’inhibition de l’action. Cependant, le stress est toujours là. Aussi, souhaitons-nous taire le problème sur le coup ou le résoudre ?

Comme le dit si bien Isabelle Filliozat, « il est illusoire d’espérer supprimer un comportement désagréable sans s’attaquer aux causes ». Etant donné que la crise n’est pas le problème mais plutôt le symptôme, la première question à se poser est : « que se passe t-il ? »

1- Relier crise et besoin

Etant donné que derrière chaque émotion il y a un besoin, il est indispensable de comprendre quel est le besoin de notre enfant. Pour cela, repérez les circonstances qui déclenchent les crises émotionnelles. Peut-être que votre enfant est fatigué à ce moment-là, peut-être qu’il a besoin de votre présence, ou encore de calme, de partage, d’être sécurisé. La solution consiste à combler son besoin.

Analysez si la crise est récurrente, si elle a lieu plus ou moins aux mêmes moments, dans des situations similaires.

Quelques fois, une crise est tout simplement l’expression d’une accumulation, d’un trop plein ou déconnecté de la situation.

Je me souviens d’un soir où ma fille, 2 ans, refusait de prendre sa douche en hurlant, courait dans tous les sens et jetais des affaires par terre. Une vraie tornade ! Mon premier réflexe était de crier mais ça ne faisait qu’accentuer son comportement. Puis, en y réfléchissant, je me suis rappelé qu’elle avait passée toute la journée chez la nounou et que j’avais dû la chercher tard. Je l’ai alors pris dans les bras et serrée tout contre moi pour d’abord tempérer la crise. Puis je lui ai demandé ce qu’il se passe. J’ai mis des mots sur ma supposition : « tu te sens stressée et triste parce-que tu étais chez la nounou toute la journée ? ». C’est alors qu’elle m’a répondu : « oui, moi triste, maman manque ». Je l’ai serré alors encore plus contre moi et l’ai réconforté. Quelques instants plus tard, elle a pris sa douche joyeusement et nous avons passé le reste de la soirée dans le calme.

2- Accompagnez la décharge

Voyez la crise comme une décharge de tension dans son corps. Personnellement, lors d’une crise, je la visualise comme un trop-plein de tension qui doit être libéré.

Il est important de permettre à l’enfant de décharger son réservoir, que ce soit par des pleurs, cris ou mouvements corporels.

Evidemment, il ne s’agit pas de laisser notre enfant décharger tout seul dans un coin ou de le laisser nous taper. Rappelez que votre enfant ne sait pas ce qu’il lui arrive.

En tant qu’adulte, nous sommes là pour l’aider à libérer cette surcharge et à lui apprendre comment se calmer. Permettez-lui d’aller jusqu’au bout de cette phase de décharge.

3- Accueillez son émotion

L’enfant a avant tout besoin de vous pour traverser sa tempête. Vous pouvez l’accueillir physiquement, avec des câlins, votre regard, votre présence et avec des mots. En résumé, avec amour ! Aussi dur que ça puisse être parfois, parce qu’on est fatiguée, ou soit même stressée, essayez de garder votre calme. Rajouter du stress au stress ne fera qu’aggraver les choses.

Dans un premier temps, prenez-le dans vos bras et serrez-le tout contre vous avec affection. S’il bouge les pieds ou cherche à taper, mettez-le face à l’extérieur. Contenez-le en douceur. Vous pouvez le câliner ou lui dire « voilà, je suis là… ». Si la crise est vraiment trop forte, gardez-le quelques instants contre vous. Il doit se sentir contenu et sécurisé. La connexion physique va permettre à son cerveau de libérer de l’ocytocine, l’hormone de l’amour et du bien-être.

Reconnaissez son émotion sans la jugez. Tout en le serrant tout contre vous, vous pouvez poser des mots sur son ressenti : « tu es frustré parce qu’on part du par cet que tu voulais encore jouer », « tu es fatiguée alors ça te met en colère lorsque tu n’arrives pas à faire du vélo », « tu te sens triste parce que maman t’a manqué ». Utilisez des phrases simples et courtes. Inutile de se lancer dans une psychanalyse ! 

Evitez les jugements de valeurs du type « tu es vilaine », « ce sont les méchants garçon qui font ça ! », « arrête ton cinéma ! » qui ne feront que dévaloriser votre enfant.

En accompagnant l’émotion de votre enfant par des mots et par votre présence vous lui donnez les moyens de s’apaiser, de calmer son cerveau et surtout les moyens de développer ses compétences émotionnelles.

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Une fois la crise passée, si votre enfant est en âge de comprendre, vous pouvez laisser la place au dialogue. Inutile de se lancer dans de longue tirade et des leçons de moral que votre enfant n’intégrera pas. L’important à ce moment-là est de l’aider à mieux comprendre ses émotions. « Que s’est-il passé pour toi ? », « qu’est-ce que ça t’as fait dans ton cœur ? », « qu’est ce qui te rend le plus triste ? ».

Et lorsque ça ne fonctionne pas ?

Fatigue, stress ou encore histoire personnelle, il arrive parfois que l’on ait du mal à se mettre en lien avec son enfant à ce moment-là. Inutile de se juger, après tout, nous sommes humains !

Plusieurs solutions sont alors possible :

· Demander de l’aide ou passez le relais à votre conjoint.

· Si l’enfant n’est pas en danger, isolez-vous quelques instants histoire de réguler vos propres émotions. Prenez une grande inspiration, puis soufflez tout doucement par la bouche au moins 3 fois !

· Si vous ne pouvez pas vous éloigner, respirez calmement et réconfortez votre propre enfant intérieur. Rappelez-vous que la colère ne fera du bien ni à votre enfant, ni à vous-même.

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S’il est très difficile pour vous d’accueillir les émotions fortes de votre enfant avec empathie et calme, peut-être qu’il sera utile de se connecté avec votre propre enfant intérieur et à vos propres besoins. Si nos émotions n’étaient pas accueillies lorsque nous étions enfant, il peut être difficile une fois adulte d’être nous-même empathique et à l’écoute.

Votre enfant fait une crise ? Rappelez-vous que malgré les apparences « il ne vous cherche pas » et ne fait pas un caprice et du cinéma, il n’est pas en capacité physiologique de réguler ses émotions.

Une crise ne dure jamais trop longtemps. Plus l’enfant se sent en confiance, sécurisé et aimé, plus il se calmera vite.

Lorsque vous consoler un enfant « chamboulé », vous participez à la maturation de son cerveau. Avec le temps, votre amour et votre patience, il apprendra à vivre ses émotions avec bienveillance. Pas à pas, il apprendra à gérer ses impulsions et à gérer ses émotions envahissantes. Vous lui offrez la possibilité de se relier à ses ressentis et surtout à l’intelligence du cœur. Et comme le dit si bien Isabelle Filliozat dans son livre « Au cœur des émotions de l’enfant » :

Avoir l’intelligence du cœur, c’est savoir aimer et se construire à travers les épreuves de la vie.


 

 

 

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